mardi 12 juin 2007

"Un moment d'énervement "

Interview d'Arlette Chabot, directrice de l'information de France 2, à propos de l'attaque de Ségolène Royal contre la "partialité" de France 2 en matière de politique (réalisée pour le nouvelobs.com)

Comment réagissez-vous aux attaques de Ségolène Royal contre l'"absence de pluralisme" du JT de France 2 ? Que pensez-vous du terme "scandaleux" utilisé par l'ex-candidate socialiste ? Aviez-vous vu le sujet avant le passage à l'antenne ?

- Je n'avais pas vu le sujet. C'est un sujet classique, réalisé par notre correspondant à Bordeaux. Mais Ségolène Royal a le droit de dire ce qu'elle veut, elle est libre. L'égalité de temps de parole entre les deux candidats a été respecté lors de ce reportage, et c'est ce qu'on demande pour tous les sujets. Seulement, quand on s'intéresse à une personnalité, on la suit plus particulièrement, on centre le sujet sur elle. C'est ce qu'on fait depuis 25 ans. On cite la "vedette" plus que l'autre. C'est ce qui s'est passé sur ce sujet.
Quant au terme "scandaleux", je pense qu'il a dépassé sa pensée. Le lancement du reportage sur Alain Juppé à Bordeaux précise qu'il est dans une position difficile, tout comme celui sur Arnaud Montebourg, d'ailleurs. Mais je ne peux pas accepter ce terme de "scandaleux". Il n'est pas justifié. Et aucun journaliste de la rédaction ne le peut. On ne peut pas laisser dire qu'on fait la campagne d'Alain Juppé.

Comment justifiez-vous ces critiques alors que le CSA est justement censé vous protéger contre d'éventuelles dérives ?

- Si on ne respectait pas les temps de parole, le CSA nous le ferait remarquer, sans aucun doute. Tout ce que je sais, c'est que c'est un bon moment de télévision. Mais nous avons fait notre travail. On n'a jamais eu de problème pendant toute la campagne présidentielle. On n'a jamais eu le moindre accroc, y compris avec Ségolène Royal. C'est un moment d'énervement. En plus, tous les reportages sont faits de la même façon. On respecte l'égalité du temps de parole et de traitement entre les candidats.
Pendant la campagne, France 2 a réalisé 30 ou 40 heures d'émissions politiques, et nous avons fini à une minute d'écart entre le temps de parole de Nicolas Sarkozy et celui de Ségolène Royal. Si on avait manqué à notre devoir d'équilibre ou d'équité, les candidats n'auraient pas manqué de saisir le CSA. Et il n'y a pas de doute, s'il y avait eu la moindre difficulté, Ségolène Royal l'aurait fait remarqué. Le faire comme ça, sur un sujet, ce n'est pas très important…

Après les attaques de François Bayrou contre les médias pendant la campagne, le pluralisme des journaux télévisés est-il devenu un sujet à la mode parmi les politiques ?

- François Bayrou a fait une grosse sortie contre les médias, et en particulier contre TF1. Mais lorsqu'il a déclaré sa candidature, il est allé sur TF1, donc il ne devait pas s'y trouver si mal que cela. C'est très tendance de remettre en cause les médias. Mais ça me paraît extraordinaire que Ségolène Royal ait lancé sa critique le 11 juin (au lendemain du premier tour des législatives). Pourquoi maintenant? Il est grand temps que cette période s'achève.

Aucun commentaire: