mercredi 30 janvier 2008

Citizen Kerviel

Le tourbillon médiatique a fait une nouvelle victime. Effarés par le scandale des pertes faramineuses de 4,8 milliards d’euros de la Société générale, la presse avait besoin d’un coupable. Et elle l’a trouvé en la personne de Jérôme Kerviel, un banquier de 31 ans.
Alors au lieu de démontrer qu'un seul homme - qui plus est à la tête de sommes restreintes - n’a pas pu être à l’origine d’une si grande fraude, les journalistes du monde entier se sont acharnés sur lui.
Au lendemain de la révélation de l’affaire, son visage de jeune premier était à la Une des plus grands journaux français et britanniques, dont le Financial Times et l’Independent. Même Nicolas Sarkozy n’a pas souvent droit à cette distinction!
Quelques faibles voix se sont élevés pour défendre le “trader fou”. Son avocat le plus véhément fut sans aucun doute... Dominique de Villepin.
L’ancien premier ministre, interrogé mercredi sur Europe-1, s’est insurgé contre l’”hystérie” ayant caractérisé selon lui le traitement médiatique de l’affaire de la SocGen.
Villepin, lui-même poursuivi dans le dossier Clearstream, a par ailleurs affimé : “En France, on pend et après on évalue la culpabilité de la personne.”
Signe de l’acharnement médiatique autour du nouvel ennemi public numéro 1, cette dépèche de l’agence Bloomberg, qui dresse le portrait de Kerviel. “Malgré beaucoup d’efforts de la part des journalistes, tout ce que nous savons aujourd’hui sur (...) Kerviel, c’est qu’il était un étudiant médiocre, ceinture verte de judo et qu’il ne satisfaisait pas sa femme.”
Difficile de retrouver trace d’une aussi basse rumeur. Le jeune homme est simultanément passé du rôle de trader fou à celui d’impuissant! Comment la machine médiatique peut-elle dévier à ce point? Quels sont les mécanismes qui expliquent cette dérive? Toujours les mêmes. Pour n’importe quel fait divers, l’essentiel pour les journaux est de vendre, et d’être les premiers. Un peu comme à la Bourse. Quitte à être les premiers à colporter les rumeurs les plus folles.

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