jeudi 6 novembre 2008

Nuit d’élection à BFMTV


Au départ, je ne devais pas travailler. Mais je n’imaginais pas quitter les bureaux d’une chaîne d’infos en continu à 22h un soir d’élection américaine. Et puis, au détour d’un changement de planning, la bonne nouvelle est arrivée : « C’est toi qui fais la nuit des élections ! »
En arrivant à minuit, la rédaction de BFMTV était déjà beaucoup plus peuplée que d’habitude. D’ordinaire, en matinale, l’équipe est réduite à une petite dizaine de personnes, contre une quarantaine en journée.
Plus de monde, donc, et plus d’effervescence, surtout. Depuis la veille, les chefs info distribuaient les sujets. En cas de victoire de John McCain, sa biographie était bien entendu prête elle aussi. Mais elle restera dans les cartons.
« On a fait deux types de sujets comme ça, au moment précis du résultat, on a les deux cas de figure de prévus », note Michaël, chef d’édition d’une partie de la nuit électorale.
Jingle et habillage aux couleurs « US », la chaîne d’info avait mis les moyens et diffusait pour une fois toute la nuit sans interruption. Direct 8 et France 5 qui préparaient un reportage sur la nuit électorale dans les médias français ne s’y sont pas trompés : ils ont posé leurs caméras chez BFMTV. (vous pouvez voir le résultat en cliquant ici)
A 4h45, tout a commencé à s’accélérer. Auparavant, les discussions allaient bon train sur une prouesse technique de CNN, qui avait fait apparaître une correspondante en hologramme sur son plateau d’Atlanta.
Et puis, les choses sérieuses ont commencé. Un à un, les résultats des « swing states » - Pennsylvanie, Ohio, Floride – étaient divulgués. Vers 4h55, AP annonçait 247 grands électeurs en faveur du candidat démocrate. Puis, on apprenait que la Floride venait de tomber dans l’escarcelle de Barack Obama. Quelques secondes plus tard, CNN affichait en gros caractères : « Obama elected president ».
Certains journalistes de la rédaction décidèrent d’immortaliser cet instant. Tous avaient le coeur qui battait très fort, conscients de vivre un moment historique.
Pendant ce temps, le nouveau président prononçait son tout premier discours devant plus de 200 000 personnes dans une arène de Chicago pleine à craquer. Le révérend Jesse Jackson, chantre du droits des Noirs aux Etats-Unis, versait de grosses larmes, et les supporteurs d’Obama dans le monde entier laissaient éclater leur joie.
Au Kenya, village natal du père du candidat démocrate, le Président décrétait que le lendemain serait un jour férié, et la grand-mère du nouveau locataire du bureau ovale dansait de bonheur.
A la cellule images de BFMTV, les petites mains découpaient le plus vite possible les images qui arrivaient du monde entier...

lundi 3 novembre 2008

La peur du Noir

Barack Obama peut-il vraiment devenir le premier président noir des Etats-Unis? Demain, les électeurs Américains diront s’ils sont prêts à faire évoluer de manière spectaculaire les relations entre les Noirs et les Blancs dans le pays.
L’élection de Barack Obama permettrait de tourner définitivement la page de deux siècles et demi d’esclavage et d’un siècle de ségrégation raciale.
Comme le note Nicole Bacharan, politologue spécialiste des Etats-Unis, Obama est un « candidat post-racial capable de parler aux deux camps ». Hormis le discours de Philadelphie en mars dernier, dit « discours sur la race », la question raciale a été très peu abordée lors de cette campagne.
Pourtant, Obama l’a dit lui-même lors de ce discours : « La question raciale est un sujet que cette nation ne peut pas se permettre d’ignorer. » Le candidat démocrate, qui a tout fait pendant la campagne pour ne pas être « le candidat des Noirs », s’est par la suite employé à délivrer un message d’unité : « Peut-être que nous ne nous ressemblons pas tous, et nous ne venons pas tous du même endroit, mais nous voulons tous aller dans la même direction : vers un meilleur avenir. »
Il s’est montré réaliste vis-à-vis de son parcours : « Mon histoire ne fait pas de moi le plus conventionnel des candidats. » Puis vis-à-vis des observateurs : « A plusieurs reprises durant cette campagne, des commentateurs m’ont trouvé soit trop Noir soit pas assez. »
Au début du mois d’octobre, certains sondages lui donnaient jusqu’à 11 points d’avance sur son rival républicain John McCain. Mais, à l’approche du scrutin, les observateurs ont commencé à prendre des pincettes concernant l’étendue de la possible victoire d’Obama. « On est dans une terra incognita. Les sondeurs ne savent pas bien évaluer le réflexe raciste », affirme Nicole Bacharan.
La semaine dernière, un complot déjoué de néo-nazis visant le candidat démocrate est venu rappeler que tout le monde n’était pas aussi enthousiaste quant à l’issue du scrutin.
Dans son dernier numéro, « spécial USA », Télérama s’est par exemple rendu en Pennsylvanie, au pays des « cols bleus », ces ouvriers indécis, qui pourraient faire basculer le scrutin. Là-bas, les membres du comité local du Ku Klux Klan font du porte-à-porte pour demander aux gens si ça ne les rend pas malades de voter pour un Noir...
Une enquête d’opinion publiée en septembre dernier et menée par des universitaires de Stanford fait elle aussi froid dans le dos. Près d’un tiers des personnes interrogées estimait ainsi que les Noirs sont « violents », « paresseux » et « responsables de leurs propres problèmes ».
Alors Barack Obama, né d’un père kényan et d’une mère américaine, seul Noir siégeant au Sénat, pourra-t-il enfin entrer dans la Maison qui a toujours été un peu trop blanche ? Réponse demain.

mardi 23 septembre 2008

Sarah Palin, l’atout star de John McCain

Aux Etats-Unis, on peut passer en quelques semaines du statut de gouverneur inconnue d’un état polaire à celui de vedette internationale.
Sarah Palin a ainsi fait une entrée remarquée dans la cour des grands cet été en devenant la colistière surprise du candidat républicain John McCain.
Et à 72 ans, après avoir subi la torture au Vietnam et combattu deux cancers, le vétéran, s'il est élu, pourrait bien devoir laisser son trône à la nouvelle vedette de la politique made in the USA en cas de décès précoce. 

Pas un "CV béton"
Que sait-on au juste de cette femme de 44 ans, mère de cinq enfants? Quelques détails permettent de mieux saisir en quoi Sarah Palin est un véritable atout fraîcheur pour le camp républicain, mais également un gage de conservatisme presque rétrograde pour la politique américaine.
Gouverneur de l’Alaska depuis décembre 2006, celle qui se définit comme une « hockey mom » aime les plaisirs simples. Sur son site officiel, on la voit d’ailleurs faire de la luge des neiges, aller à la chasse et à la pêche, le plus souvent en famille.
Dans une double page qu’il consacrait à Sarah Palin il y a peu, le Parisien interrogeait Linda, une voisine de la famille, qui évoquait la gouverneur en ces termes : « Elle a des c..., c’est une vraie femme de l’Alaska ».

Des valeurs conservatrices
Chrétienne pratiquante (elle a affirmé que c’est Dieu qui avait envoyé les soldats US en Irak), cette jeune femme dynamique place les valeurs conservatrices en tête de ses priorités.
Elle a ainsi dû défendre sa fille Bristol, enceinte à 17 ans, contre les critiques acerbes des médias. Une bonne façon pour elle de rappeler au passage son engagement « pro life », c’est-à-dire contre l’avortement.
Conservatrice, Sarah Palin l’est aussi en ce qui concerne la régulation des armes à feu (elle est contre), et les sciences naturelles (elle souhaite que le créationnisme soit enseigné à l’école publique).

Des positions floues sur le plan international
Jusqu’ici, elle n’a que très peu évoqué les sujets internationaux, se contentant par exemple de formules à l’emporte-pièce, comme « nous devons avoir de bonnes relations avec nos alliés », ou encore « nous avons gagné la Guerre froide » ( !) lors de son unique interview, sur ABC News le 11 septembre dernier.
Plus que ses positions définies, c’est la blague : "Connaissez-vous la différence entre un pitbull et une maman qui assiste aux matchs de hockey de ses enfants ? C'est le rouge à lèvres !"» ("You know the difference between a hockey mom and a pit bull? Lipstick"), lancée lors de la convention républicaine de St Louis, qui lui a ouvert la voie de la célébrité.

Palin tombe bien
En résumé, Sarah Palin est conservatrice, elle vient d’envoyer son fils aîné combattre en Irak, son dernier enfant est atteint du syndrome de Down et elle tombe à pic dans une campagne républicaine jusqu’alors poussive.
Sa nomination est en effet intervenue juste après la convention démocrate de Denver, qui avait boosté la popularité de Barack Obama dans l’opinion.
L’effet Palin s’est fait ressentir jusque dans les sondages. A la fin du mois d’août, les deux candidats étaient au coude à coude dans les sondages, avec environ 45% d’intention de vote. Après l’annonce du choix de sa colistière, McCain avait assez nettement repris la tête (sondages Gallup). Ces éléments ont d’ailleurs un temps poussé les observateurs à se demander si elle n’était pas tout simplement plus populaire que le candidat officiel...
Aujourd’hui, les sujets de fond (et de fonds) ont repris le dessus, ce qui a permis à Obama de refaire son retard et même de creuser l’écart avec son adversaire (49% contre 45% le 20 septembre).

mercredi 10 septembre 2008

11 septembre : gare à la manipulation

A la veille du septième anniversaire des attentats du World Trade Center à New York, la théorie du complot refait surface.
Tout d’abord, côté français, l’actrice Marion Cotillard et l’humoriste Jean-Marie Bigard pensent tous deux que les attentats du 11 septembre ont été provoqués de l’intérieur par l’administration Bush.
L’interprète de “La Môme”, récompensée par l’Oscar de la meilleure actrice aux Etats-Unis, avait ainsi affirmé : “J’ai tendance à être plutôt souvent d’accord avec la théorie du complot. Je pense qu’on nous ment sur beaucoup de choses : Coluche, le 11 septembre ...”
La semaine dernière, sur Europe 1, Jean-Marie Bigard, humoriste aimé de la présidence, avait défendu chez Ruquier la thèse selon laquelle « il est juste très très vraisemblable que la version officielle américaine ne corresponde pas à la réalité. (...) Ils ont provoqué eux-mêmes. Ils ont tué des Américains. Tout colle. »
Les Français sont décidément en pointe de la contestation, puisqu’à peine six mois après les attentats, Thierry Meyssan sortait « L’effroyable imposture », qui évoquait déjà la thèse du complot.
Outre-Atlantique, la contestation n'est pas en reste, notamment avec le documentaire « Loose Change », qui circule sur la toile depuis mai 2005. Réalisé par un Canadien d’une vingtaine d’années, Dylan Avery, il prétend démontrer plusieurs théories : a) aucun avion ne s’est écrasé sur le Pentagone (car le trou laissé est « trop petit » !), b) les tours jumelles n’auraient jamais pu s’effondrer de cette manière si des tonnes d’explosifs n’avaient été placées au préalable dans les sous-sols.
A priori, la démonstration est édifiante : à grand renfort d’extraits de journaux télévisés spectaculaires et de musique branchée, le réalisateur tente de rallier le spectateur à sa cause, en utilisant des sources souvent non identifiées.
Sa conclusion est limpide : il s’agirait d’une « attaque psychologique sur le peuple américain exécutée avec une précision militaire » visant à justifier une intervention en Afghanistan et en Irak.
Sur ce sujet, les théories vont de l’implication directe de l’administration Bush à celle du laisser-faire. Elles visent à réclamer l’ouverture d’une enquête internationale indépendante sur le 11 septembre, où environ 3200 personnes ont péri.
Depuis plusieurs jours, le débat a repris, comparant notamment les défenseurs de la thèse du complot aux négationnistes de la Shoah. C’est oublier un peu rapidement que les premiers affirment que les attentats ont été orchestrés de l’intérieur tandis que les seconds soutiennent que le massacre de six millions de juifs n’a tout bonnement pas eu lieu...
Le documentaire « Loose Change » semble plutôt tenter de répondre à la rage d’un peuple qui ne comprend toujours pas comment ses dirigeants n’ont pas su prévoir une telle attaque malgré un contexte international tendu.
Il répand également une défiance de plus en plus généralisée vis-à-vis des médias de masse. Alors certes, comme le dit Marion Cotillard : « je m’interroge, en tout cas, je ne crois pas tout ce qu’on me dit », mais gare à la manipulation d’un côté comme de l’autre !

vendredi 25 juillet 2008

L’Obamania s’empare de Paris


Après Berlin hier, le futur candidat démocrate à la Maison Blanche avait choisi de faire une courte étape dans la capitale française.


Difficile d’expliquer ce qui pousse les Français à soutenir Barack Obama, reçu comme un chef d’Etat à l’Elysée aujourd’hui. “Obama c’est mon copain” a d’ailleurs confié Nicolas Sarkozy au Figaro en amont de cette visite éclair. Ils étaient environ 300 cet après-midi à espérer apercevoir le possible prochain président des Etats-Unis.
“Notre heure est venue,” commente Marie-Paule, en reprenant les mots de son favori, “la vôtre, la vôtre, la vôtre”, affirme-t-elle en désignant la foule. Cela fait quelques heures qu’elle attend sur le trottoir devant l’Elysée. Pour l’occasion, elle - et d’autres - arbore un T-shirt à l’effigie du candidat démocrate.
L’effet Obama, désormais communément appelée “Obamania”, ne se limite pas aux frontières de l’hexagone : 52% des Européens voteraient Obama selon un sondage publié en juin par le site du quotidien conservateur britannique Daily Telegraph.
Un exemple du réchauffement des relations transatlantiques : le French-bashing, cette manie de se moquer des Français et de leurs drôles d’habitudes, est bel et bien enterré. “Les French fries (le nom des frites US) sont redevenues French” a déclaré Obama lors de la conférence de presse de cet après-midi.
« Yes we can », le slogan de campagne du premier candidat noir à l’élection US – qui sera officiellement désigné par son parti fin août à Denver (Colorado) – a fusé lors du passage du cortège. Mais pas un signe n’est venu retarder un protocole défini à la minute près.

Aux USA, les bimbos entrent dans la danse présidentielle

(Deux pour le prix d'un... voici un post rédigé il y a quelques mois et jamais publié...)

Un peu plus d’un an avant le scrutin, la bataille pour la Maison Blanche fait déjà rage aux Etats-Unis. Les candidats s’affrontent au cours de débats acharnés. L’Irak, l’Iran, le système de santé : tous les sujets sont passés en revue.
Mais depuis quelques mois, une campagne parallèle s’est lancée sur le net, à l’initiative du site barelypolitical.com. Les “bimbos” donnent de la voix en faveur de leur favori. Dans le clip qui suit, de jeunes femmes se trémoussent dans les rues de New York au son de “Obama je te veux encore, j’attends que mon téléphone sonne, je regarde en boucle les épisodes de la série “A la Maison Blanche”’ - qui met en scène la vie quotidienne d’un Président américain démocrate.
Dans le clip, les bimbos en sont certaines : leur poulain, le Sénateur de l’Illinois, va se qualifier lors des primaires démocrates, qui auront lieu en janvier 2008, et affrontera Rudolph Giuliani, un des prétendants à la candidature républicaine, en novembre.
Mais les “Giuliani girls” ne l’entendent pas de cette oreille. Elles chantent : “Il a gagné ma voix comme Al Gore. C’est mon homme et je le soutiendrai. Il a gagné mon coeur en faisant baisser la criminalité. Cette fois-ci, on va à la Maison Blanche!”
Le clip, qui met en scène les jeunes femmes dans une parodie de débat comparable à ceux organisés par la chaîne de télévision MSNBC depuis l’été, s’achève sur une bataille de polochon en lingerie fine entre les deux camps.
Qu’en pense le principal intéressé, Barack Obama? Interrogé sur ce sujet à la sortie du clip, en juillet, il a répondu : “Nous ne sommes pas là pour ça. Je n’ai pas de commentaire à faire à ce sujet.” Avec des supportrices aussi plantureuses, il aurait pu se montrer plus loquace...
Son adversaire dans le camp démocrate, Hillary Clinton, sénatrice de l’état de New York, n’est pas en reste. Celle qui est en tête des sondages a également sa chanson de soutien. Taryn Southern chante ses louanges : “Les Etats-Unis seraient un monde meilleur si tout le monde pouvait goûter un peu de toi.”
En ce qui concerne le déhanché et le second degré, les militantes françaises ont encore beaucoup à apprendre de leurs homologues d’outre-Atlantique.

vendredi 23 mai 2008

Serra en son temple d’acier


Au départ, on se demande où sont les oeuvres. La nef du Grand palais semble exceptionnellement vide au premier coup d’oeil. C’est alors qu’apparaissent sous les yeux du spectateur cinq grandes plaques d’acier verticales disposées à intervalles réguliers dans toute la longueur de la salle.
L’oeuvre de Richard Serra, expressément réalisée pour le monument parisien dans le cadre de l’exposition « Monumenta », en laisse plus d’un perplexe.
Loin des expositions classiques, ici, le visiteur déambule, observe, photographie, s’approche, recule. L’installation l’invite à la « Promenade », d’où son nom.
Ce qui frappe en premier, c’est la légère inclinaison des totems d’acier, qui offrent une « redéfinition sculpturale de l’espace », selon l’artiste.
Poussé par la curiosité, et conscient de vouloir remplir tout ce vide, le visiteur cherche un sens. Certains d’entre eux palpent, auscultent, caressent, ou encore cognent l’une des plaques.
Pourtant, en elles-mêmes, celles-ci n’ont aucun sens. « Il n’y a de contenu ni dans les plaques, ni dans l’acier, ni dans le rythme des cinq plaques », affirme Richard Serra.
En résumé, c’est le visiteur qui fait l’art. Il vit une expérience privée dans un espace public. « Ça pourrait pratiquement être une gare », affirme le sculpteur américain.
Selon ses propres termes, l’artiste transforme la salle d’exposition en « récipient ». Il s’appuie sur l’architecture du lieu pour créer un dialogue avec ses oeuvres imposantes. Le contraste est fort entre l’apparente dureté de la matière brute et les volutes sculptées du décor que constitue la voûte céleste du Grand Palais.
Le rendu est presque mystique, les pauses entre les intervalles pouvant s’apparenter à une procession rituelle. D’ailleurs, Serra lui-même compare son oeuvre à Stonehenge, ce temple de pierre sans doute utilisé pour des rites funéraires.
La salle offre une autre perspective, où l’homme semble à nouveau dominer la matière. Du haut du grand escalier, les plaques ressemblent à de simples feuilles de papier posées sur le sol comme par magie. « Reconfigurer l’espace, le voir à sa façon, le repenser », c’est tout le but de l’oeuvre de Richard Serra.

mardi 29 avril 2008

Dati défend sa réforme becs et ongles

L'exploitation de faits divers violents permet à Rachida Dati de monter au créneau à intervalles réguliers.
Attaquée lors de sa sortie, la loi dite ‘anti-récidive’, votée par le Parlement en août dernier, avait suscité pas mal de débats. Interrogée hier midi sur LCI, la Garde des Sceaux a cherché à rappeler les bienfaits de cette loi, très décriée par les professionnels de la magistrature.
Après le meurtre, « abominable » selon Mme Dati, de Sussanna, jeune étudiante Suédoise, il y a une dizaine de jours à Paris, un homme, Bruno Cholet, a rapidement été interpellé. Cet homme, toujours présumé innocent, possède un fort passé criminel. Il a notamment été condamné en 1989 à 18 ans de prison pour violences sexuelles, puis relâché dix ans plus tard.
« Avec ces deux textes –loi de lutte contre la récidive et loi de rétention de sûreté -, c’est terminé, a affirmé la Garde des Sceaux. Il n’y a plus de réduction de peine sans contrepartie. »
Cette contrepartie implique, entre autres, une demande de soins de la part du prévenu. Mais « on ne peut obliger personne à se soigner », rappelle Mme Dati. C’est pourquoi la Garde des Sceaux avait proposé de maintenir le prévenu enfermé au-delà de sa peine, « tant que la dangerosité est avérée », a-t-elle soutenu.
Mais peut-on vraiment considérer que quelqu’un est potentiellement dangereux ? Les prétendus criminels doivent-ils être dépistés « dès 3 ans », comme l’avait lui-même soutenu Nicolas Sarkozy ?
Selon Serge Portelli, membre du Syndicat de la magistrature, spécialiste de la récidive, interrogé par le Parisien, « le côté dissuasif de la peine n’existe pas ! » Il ajoute : « La peine de mort, lorsqu’elle était encore en vigueur, n’a pas arrêté le bras des criminels ».
Il affirme qu’un meilleur suivi des détenus par des psychiatres lors de leur peine serait un remède plus efficace que la promulgation de loi tous azimuts.

samedi 22 mars 2008

Les Buttes-Chaumont, terre de recrutement du djihad irakien?

Existait-il dans le XIXème arrondissement de la capitale une filière de recrutement de jeunes musulmans pour aller combattre en Irak? C’est ce que s’emploient à définir les jurés de la 14ème chambre du tribunal correctionnel de Paris depuis mercredi dernier.
Sept accusés, dont trois comparaissent libres, sont jugés pour s’être rendu ou avoir eu l’intention de se rendre en Irak pour y participer à des activités terroristes. La plupart d’entre eux ont été arrêtés en 2005, en France ou en Syrie. Thamer Bouchnak, puis Chérif Bouachi, ont ainsi été interpellé à l’aéroport de Roissy alors qu’ils s’apprêtaient à rejoindre la Syrie, dernière étape avant l’Irak pour les apprentis djihadistes.

Des coïncidences
Ces islamistes autodidactes ont plusieurs point commun. Tout d'abord, ils fréquentaient tous la mosquée Addawa de Stalingrad, au nord est de Paris.
Par ailleurs, ils ont tous, à un moment ou à un autre de leur parcours initiatique, rencontré Farid Bennyetou, 27 ans, considéré comme le guide spirituel du groupe. Ses anciens élèves, aujourd’hui sur le banc des accusés, refusent toutefois de le considérer comme un meneur.
Certains de ces élèves (une cinquantaine environ) se contentent de devenir de “bons musulmans” en apprenant l’arabe et les pensées des "savants". D’autres sont soupçonnés d’avoir choisi la voie dure en rejoignant la “cause” et en passant illégalement en Irak.
Est-ce le cas des sept jeunes hommes jugés (dont la majorité a entre 25 et 30 ans) ? Avaient-ils l’intention de commettre des attentats suicides, comme un de leur camarade, mort sur place ?
Peu de combattants quittent la France pour se battre en Irak contre la coalition menée par les Américains sur place depuis 2003. Parmi la douzaine repérée par les services secrets français, cinq ont laissé leur vie dans les bombardements. Quatre seraient liés à la cellule dite « des Buttes-Chaumont ».

Tout le monde savait
Maître Dominique Many, l’avocat de Thamer Bouchnak, ne croit pas à l’hypothèse du réseau. Selon lui, il s’agit d’amateurs. L’affaire est d’autant plus étonnante que le nombre de sources disponibles s’est multiplié au cours de l'enquête. D’abord, la mère de Peter Cherif, jugé séparément, qui était venue s’inquiéter auprès des policiers de la disparition de son fils. Ensuite, le frère d’un des suspects, Mohamed Elayouni, qui avait préféré vendre le scoop de la disparition de son frère en Irak plutôt que de se voir jugé pour avoir frappé son père.
Dans le quartier, tout le monde semble au courant des intentions de départ de deux anciens élèves de Bennyetou. Les policiers remontent vite la « filière ».

"Inquiétant" selon un avocat
« On ne verrait jamais ça dans un vrai procès de terrorisme! », s’exclame Maître Many. Cependant, il reconnaît que l’entreprise ait pu alerter les services de renseignement. « Que ce soit une équipe de bras cassés, c’est encore plus inquiétant. On ne sait pas où ils vont... », ajoute-t-il.
Les perquisitions ont permis de montrer que ces apprentis soldats avaient tous bien l’intention de se rendre en Irak. Difficile cependant de prouver qu’ils ont effectivement été endoctrinés pour entrer dans l’armée de Abou Moussab al-Zarqaoui, qui régit le triangle sunnite, autour de Falloujah.
Les plaidoiries et le réquisitoire auront lieu à partir de mercredi.

vendredi 14 mars 2008

Marie-Antoinette à la recherche de son identité


On connaissait la Marie-Antoinette frivole et rose bonbon de Sofia Coppola. On découvre une souveraine plus complexe dans l’exposition que lui consacre le Grand Palais jusqu’au 30 juin.
En trois actes, l’exposition se penche sur l’enfance autrichienne et l’éducation de la future reine, son arrivée en France à l’âge de 15 ans pour y épouser Louis XVI et enfin, sa déchéance.
D’abord adulée par le peuple français pour sa beauté et son élégance, la petite Autrichienne est rapidement critiquée pour ses passions un peu trop ludiques. En effet, Marie-Antoinette, fille de Marie-Thérèse d’Autriche et de François-Etienne de Habsbourg, préfère les plaisirs personnels aux devoirs monarchiques, dont ceux de donner un héritier au pays.
L’exposition présente de nombreux objets à la valeur historique incontestable – registre paroissial comportant la signature du futur couple royal, plan de table du repas de mariage, dernière lettre avant l’échafaud... La scénographie très royale, tout en drapés, leur offre un écrin à leur mesure.
L’empreinte d’une des dernières reines de France est présente jusque dans son sceau, les initiales M.A., qui orne la plupart des vitrines. Mais elle l’est plus encore dans la reconstitution d’une scène de théâtre du Trianon, où Marie-Antoinette aimait se produire en présence de ses amis, tels que la duchesse de Polignac ou le comte de Fersen.
Au fil de son règne, la souveraine gagne en humanité, même si ses extravagances persistent. Rarement satisfaite par les portraits officiels, la reine finira par écrire : ‘Les peintres me tuent et me désespèrent...’
D’abord représentée en jeune fille attrayante dans un tableau de Joseph Ducresse, peint à Vienne en 1769 et qui servit aux tractations entre l’Autriche et la France avant le mariage, elle laisse ensuite transparaître sa vraie personnalité. Au Trianon, elle apparaît chevauchant un cheval à califourchon, comme un homme. Elle écrit alors : ‘Ici, je suis moi.’
L’épisode de la brioche est passé sous silence, sans doute pas assez « glamour » dans cet hymne à la souveraine.
L’image de Marie-Antoinette est cependant écornée en toute fin de parcours, où sont présentées dans une salle sombre les caricatures des révolutionnaires les plus hostiles à celle qui est inexorablement restée « l’Autrichienne ». (photo AFPTV)

mercredi 12 mars 2008

France's last veteran died

France’s last veteran of World War one, Lazare Ponticelli, died Wednesday, aged 110. President Nicolas Sarkozy expressed ‘the deep emotion and the enduring sadness of the whole nation’ after it was announced. From Italian origins, Ponticelli had fought in the trenches near Verdun in 1914, while he was 16. He was part of the more than 8 million Frenchmen who combatted the Germans and their allies.After Louis de Cazenave, who died in January, Ponticelli was the last survivor among the ‘poilus’ (the hairy ones), a phrase used to describe French soldiers who fought between 1914 and 1918. A national tribute to all France’s participants in the war will be held in the Invalides in Paris in the coming days.

jeudi 21 février 2008

Martinon reste porte-parole… pour l’instant

David Martinon continuera à prêcher la bonne parole venue de l'Elysée. Le porte-parole de la Présidence faisait aujourd’hui son retour devant les journalistes après la débacle de Neuilly.
Ce matin, la question était sur toutes les lèvres : combien de temps allait-il rester en poste? La réponse de l’intéressé : 'Je suis là, c'est une preuve en soi'. Puis, plus tard, en insistant, ‘Je ne serais pas là si le Président de la Republique estimait que je ne suis pas crédible.’
Le 11 février, David Martinon avait annoncé son retrait de la course aux municipales dans ce qui fut pourtant le fief de Nicolas Sarkozy pendant vingt ans. Court-circuité par le fils cadet du Président, Jean Sarkozy, l’actuel porte-parole de l’Elysée avait alors affirmé : 'Les conditions ne sont plus réunies pour que je mène la campagne municipale à Neuilly. J'en tire toutes les conséquences et je me retire.’
La rumeur l’annoncait déjà partant pour une ‘petite ambassade’, sans doute après le deuxième tour des municipales. ‘Je suis porte-parole, pas porte-rumeur. Vous savez bien qu’il ne faut pas croire tout ce qu’on lit dans les journaux!’ a-t-il lancé.

mardi 19 février 2008

L’art délicat de la révolution

Quarante-neuf ans après, Fidel Castro jette l’éponge. L’homme qui était resté le plus longtemps à la tête d’un état a tiré sa révérence mardi.
Dans une lettre adressée à ses compatriotes et publiée dans Granma, l’organe de presse officiel du parti communiste cubain, le Lider maximo explique les raisons de sa mise au vert.
‘Ce serait trahir ma conscience que d’accepter une responsabilité qui demande plus de mobilité et d’engagement que je suis capable d’en donner’, écrit Fidel Castro.
A 82 ans, l’homme est usé. Déjà, fin juillet 2006, il avait provisoirement passé la main à son petit frère Raul, de quatre ans son cadet. Dans sa lettre, le vieux révolutionnaire affirme: ‘Mon seul voeu est de combattre en soldat dans la bataille des idées.’
Pourtant, en août 2006, juste après l’opération du dirigeant pour des problèmes gastriques, le gouvernement s’était efforcé de rassurer les Cubains sur son état de santé. ‘Tout va bien’ était devenu le mot d’ordre à l’époque.
Sur une île où l’information est controlée au plus haut niveau, les nouvelles du pouvoir sont difficiles à obtenir. En janvier, le quotidien espagnol El Pais, réputé pour son sérieux, affirmait que l’état de Fidel Castro s’était encore aggravé. Après trois opérations ratées et plusieurs complications, le dirigeant historique de la révolution cubaine souffrirait d’un cancer, selon le journal.
C’est donc dans le flou concernant son véritable état de santé que le Lider Maximo a décidé de se retirer.
Dans sa lettre, Castro conserve toute la verve qui le caractérise, et attaque de plein fouet les Etats-Unis, une fois n’est pas coutume. ‘L’adversaire que nous devons combattre est extrêmement fort ; cependant, nous avons été capable de le tenir à distance pendant un demi siècle’, écrit-il en référence à l’épisode de la Baie des Cochons.
En 1961, les révolutionnaires cubains avaient alors repoussé les assauts de l’ennemi impérialiste, qui cherchait à renverser le pouvoir établi deux ans auparavant par Castro et ses troupes.
Raul avait prévenu: le 24 février prochain, l’Assemblée nationale cubaine élirait un nouveau président. La rumeur circulait que pour la première fois depuis près de 50 ans, Fidel Castro aurait pu être battu.

vendredi 8 février 2008

Lagarde won’t quit

French Finance minister Christine Lagarde was in the eye of the storm after BFM, a radio station that specializes in finance and business, announced she had offered to quit last Wednesday. Stephane Richard, her cabinet director, denied the information. ‘I would like to deny firmly this rumour which is completely unfounded,’ he said Friday. Lagarde, 51, is the first female to run France’s finance ministry. She is also well-known for her previous career as an international lawyer. Lagarde is currently campaining for the coming municipal elections in the 12th district of Paris. She has been under fire since September, when she claimed there would be a policy of ‘rigour’ in France. This comment had infuriated French President Nicolas Sarkozy.

mardi 5 février 2008

Carla’s image is worth 438 pairs of Ray Ban

Sixty thousand euros. This is the fine you could receive for using France’s first lady's image without her authorization. Sixty thousand euros is the equivalent of 46 people earning the minimum wage and working 35 hours a week in France.
For the same amount of money, you can get one and a half Patek Philippe watch –yes, the one that Sarkozy has on his wrist -, and around 438 pairs of Ray Ban aviator sunglasses – yes, the ones he has on his nose.
Already a wealthy heiress – she is the daughter of the late Italian tyre manufacturer Alberto Bruni-Tedeschi -, Carla Bruni won the lawsuit that she and her new husband, Nicolas Sarkozy, had filed last week against Ryanair. The low-cost airline company had used a picture of the couple in an ad for reduced tickets (see precedent post).
The company’s lawyer, Me Taitgen, had reacted to Bruni’s huge request – 500.000 euros- by offering to pay part of it to charity.
Maybe the best thing to do for the new Mrs Sarkozy would effectively be to give the money to a charity organisation. Danielle Mitterrand, Lady Diana and even Bernadette Chirac before her devoted part of their action to help people in need.
Such munificence might also help reconcile President Sarkozy with the French opinion. Three consecutive polls have echoed the dramatic loss of popularity of the man who used to be called the ‘hyperpresident’.

(merci a Liberation d’avoir eu la glorieuse idee de comparer une grosse somme aux objets fetiches du President)

jeudi 31 janvier 2008

Sarkozy and Bruni care for copyright

French President Nicolas Sarkozy and his girlfriend, Carla Bruni, decided to take legal action against Ryanair for violation of their right of privacy and illegal use of their image.
The Irish low-cost company had used a picture of the couple without authorization. On an ad, the model-turned singer is pictured smiling dreamily while thinking ‘With Ryanair, my whole family can come to my wedding.’
The airline company has since apologized publicly. "It was a humorous comment on a matter of great public interest in France. We apologize sincerely for any offence caused," said a Ryanair spokeswoman in Dublin.
Sarkozy seeks a symbolic sum of one euro in damages while Bruni, the model-turned-singer, demands 500.000 euros.
The Elysee spokesman, David Martinon, justified the sum in a news conference Thursday. He said “For the President, it is a matter of principle. For Carla Bruni, it is her job, it is her image, so it is understandable. This time, she suffered financial damage.” The verdict is due on February 5th.
Before Sarkozy, only Georges Pompidou, who ran France from 1969 to 1974, had sued a magazine for the same motive. In 1970, he had been pictured aboard a speed boat for a Mercury advertisement. The caption ran ‘If we have done our best winning most races for the last ten years, it is for your safety, Mister President!’
The ad was finally forbidden, but because the magazine on which it was supposed to be published had already been printed, the distributors were asked to tear up the page featuring the ad.

mercredi 30 janvier 2008

Citizen Kerviel

Le tourbillon médiatique a fait une nouvelle victime. Effarés par le scandale des pertes faramineuses de 4,8 milliards d’euros de la Société générale, la presse avait besoin d’un coupable. Et elle l’a trouvé en la personne de Jérôme Kerviel, un banquier de 31 ans.
Alors au lieu de démontrer qu'un seul homme - qui plus est à la tête de sommes restreintes - n’a pas pu être à l’origine d’une si grande fraude, les journalistes du monde entier se sont acharnés sur lui.
Au lendemain de la révélation de l’affaire, son visage de jeune premier était à la Une des plus grands journaux français et britanniques, dont le Financial Times et l’Independent. Même Nicolas Sarkozy n’a pas souvent droit à cette distinction!
Quelques faibles voix se sont élevés pour défendre le “trader fou”. Son avocat le plus véhément fut sans aucun doute... Dominique de Villepin.
L’ancien premier ministre, interrogé mercredi sur Europe-1, s’est insurgé contre l’”hystérie” ayant caractérisé selon lui le traitement médiatique de l’affaire de la SocGen.
Villepin, lui-même poursuivi dans le dossier Clearstream, a par ailleurs affimé : “En France, on pend et après on évalue la culpabilité de la personne.”
Signe de l’acharnement médiatique autour du nouvel ennemi public numéro 1, cette dépèche de l’agence Bloomberg, qui dresse le portrait de Kerviel. “Malgré beaucoup d’efforts de la part des journalistes, tout ce que nous savons aujourd’hui sur (...) Kerviel, c’est qu’il était un étudiant médiocre, ceinture verte de judo et qu’il ne satisfaisait pas sa femme.”
Difficile de retrouver trace d’une aussi basse rumeur. Le jeune homme est simultanément passé du rôle de trader fou à celui d’impuissant! Comment la machine médiatique peut-elle dévier à ce point? Quels sont les mécanismes qui expliquent cette dérive? Toujours les mêmes. Pour n’importe quel fait divers, l’essentiel pour les journaux est de vendre, et d’être les premiers. Un peu comme à la Bourse. Quitte à être les premiers à colporter les rumeurs les plus folles.

samedi 12 janvier 2008

Simone de Beauvoir entre scandale et tradition

Depuis plusieurs jours, on ne voit qu’elle. Nue en couverture d’un grand magazine de gauche, en femme mure à la Une du Magazine littéraire, et bien sûr dans tous les quotidiens.
Loin d’être une icône de papier glacé, Simone de Beauvoir est à la mode.
Le centenaire de sa naissance, le 9 janvier 1908, a été célébré classiquement, lors de trois jours de colloque à l’Université Paris 7. Les plus grands experts mondiaux s’y sont retrouvés pour disserter de la philosophe-écrivaine.
Mais cet anniversaire a été pour certains l’occasion d’égratigner un peu le mythe Beauvoir en révélant des côtés plus secrets de sa personnalité – comme sa propension à séduire ses jeunes élèves avant de les ‘prêter’ à son amant, Jean-Paul Sartre.
C’est le Nouvel observateur qui a opté pour l’hommage le plus ‘choc’, en représentant cette femme, qui s’est battue toute sa vie pour se faire respecter pour sa pensée, en vulgaire icône de mode.
La Une du magazine de la semaine dernière montrait en effet Beauvoir nue, de dos, surprise semble-t-il malgré elle dans son intimité. Les Chiennes de garde, extrêmes féministes du XXIème siècle, se sont insurgées. Elles ont réclamé la publication “des fesses de Jean Daniel” – le patron du magazine. On ignore comment le vieil homme a accueilli la requête...
La fin de l'interdit sexuel en France est-elle à l’origine de cette vulgarisation du corps? Plusieurs exemples récents montrent que les tabous tombent un à un à ce sujet: Laure Manaudou, Valérie Bègue – la nouvelle Miss France -, ou encore l’eXposition ‘l’Enfer’ à la BNF.
Etrange de rapprocher Simone de Beauvoir, féministe s'il en est, de quelques faits divers people. Et pourtant, il y a en Beauvoir bien plus qu’une simple paire de fesses.
Sa pensée, délibérément féministe et libérale, a influencé jusque son mentor, Sartre, qui devait pour lui plaire, la “dépasser intellectuellement”.
Celle qui a traversé le XXème siècle fut surnommée ‘Castor’ par un de ces fameux collègues d’agrégation en raison de la proximité de son patronyme avec le mot ‘beaver’ en anglais.
Incroyablement active et passionnée par la vie dès sa plus tendre enfance (elle aurait voulu “tout lire” dès cette époque), Simone de Beauvoir a su transmettre aux générations futures son optimisme et sa détermination.
Ses écrits contrastent avec l’allure guindée de cette femme, qui s’est sortie de son milieu bourgeois aussi vite qu’elle l’a pu.