mercredi 13 juin 2007

Tony Blair lance une charge contre les médias

Le Premier ministre a accusé les journalistes de "chasser en meutes" et de "détruire les gens et leur réputation".

Des "bêtes féroces". C'est ainsi que Tony Blair, invité pour une conférence au sein de l'agence de presse britannique Reuters, mardi 12 juin à Londres, a qualifié les journalistes politiques britanniques. Quelques jours avant de tirer sa révérence, le Premier ministre adresse sa charge la plus violente contre les médias.
Il a tout particulièrement égratigné le quotidien libéral "The Independent", qu'il a qualifié de "métaphore de la dégénérescence du journalisme moderne". Selon le Premier ministre, il s'agit aujourd'hui plus d'un journal très "visuel", très "édité", que d'un véritable journal d'informations.
Tout en admettant qu'au début de sa carrière, il avait lui-même eu recours à des conseillers médiatiques, il a affirmé que "la télévision et les journaux avaient considérablement empiré" au cours de la dernière décennie. Tony Blair, qui a toujours su jouer de son image dans les médias, a également fait son mea culpa en précisant que le New Labour (le courant qu'il a créé au sein du Parti travailliste) avait tendance à "trop influencer" les médias.
Il a cependant admis sa "complicité" dans cet état de fait, en reconnaissant implicitement avoir courtisé Rupert Murdoch au début de son règne. Le célèbre magnat de la presse, propriétaire entre autres du quotidien conservateur "The Times" et du tabloïd trash "The Sun", était en effet très hostile au Labour il y a dix ans. "Ces gens-là dirigent un business dans un marché hautement compétitif et ils ont du pouvoir. Le public écoute ce qu'ils ont à dire. Tout ce que je dis est transmis au public à travers vous, mes amis. C'est le monde dans lequel on vit", a ajouté Tony Blair en s'adressant aux journalistes.
Mais il s'est immédiatement défendu en rappelant qu'après 18 ans passés dans l'opposition – les conservateurs ont dirigé le pays de 1979 à 1997 -, et une "hostilité parfois féroce d'une partie de la presse", il aurait difficilement pu se conduire autrement. "Je ne suis pas en train de me plaindre du traitement "injuste" qu'ont pu faire les médias à mon sujet. (…) Je pense que cela méritait d'être dit." Indeed, but…
Les journalistes ont réagi le lendemain en dénonçant ces propos. La Une de "The Independent", sévèrement remis en cause par le Premier ministre, pose cette question sans détour : "Auriez-vous dit cela, Monsieur Blair, si nous avions soutenu votre guerre en Irak?" Tout est dit.

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