mardi 19 février 2008

L’art délicat de la révolution

Quarante-neuf ans après, Fidel Castro jette l’éponge. L’homme qui était resté le plus longtemps à la tête d’un état a tiré sa révérence mardi.
Dans une lettre adressée à ses compatriotes et publiée dans Granma, l’organe de presse officiel du parti communiste cubain, le Lider maximo explique les raisons de sa mise au vert.
‘Ce serait trahir ma conscience que d’accepter une responsabilité qui demande plus de mobilité et d’engagement que je suis capable d’en donner’, écrit Fidel Castro.
A 82 ans, l’homme est usé. Déjà, fin juillet 2006, il avait provisoirement passé la main à son petit frère Raul, de quatre ans son cadet. Dans sa lettre, le vieux révolutionnaire affirme: ‘Mon seul voeu est de combattre en soldat dans la bataille des idées.’
Pourtant, en août 2006, juste après l’opération du dirigeant pour des problèmes gastriques, le gouvernement s’était efforcé de rassurer les Cubains sur son état de santé. ‘Tout va bien’ était devenu le mot d’ordre à l’époque.
Sur une île où l’information est controlée au plus haut niveau, les nouvelles du pouvoir sont difficiles à obtenir. En janvier, le quotidien espagnol El Pais, réputé pour son sérieux, affirmait que l’état de Fidel Castro s’était encore aggravé. Après trois opérations ratées et plusieurs complications, le dirigeant historique de la révolution cubaine souffrirait d’un cancer, selon le journal.
C’est donc dans le flou concernant son véritable état de santé que le Lider Maximo a décidé de se retirer.
Dans sa lettre, Castro conserve toute la verve qui le caractérise, et attaque de plein fouet les Etats-Unis, une fois n’est pas coutume. ‘L’adversaire que nous devons combattre est extrêmement fort ; cependant, nous avons été capable de le tenir à distance pendant un demi siècle’, écrit-il en référence à l’épisode de la Baie des Cochons.
En 1961, les révolutionnaires cubains avaient alors repoussé les assauts de l’ennemi impérialiste, qui cherchait à renverser le pouvoir établi deux ans auparavant par Castro et ses troupes.
Raul avait prévenu: le 24 février prochain, l’Assemblée nationale cubaine élirait un nouveau président. La rumeur circulait que pour la première fois depuis près de 50 ans, Fidel Castro aurait pu être battu.

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