samedi 22 mars 2008

Les Buttes-Chaumont, terre de recrutement du djihad irakien?

Existait-il dans le XIXème arrondissement de la capitale une filière de recrutement de jeunes musulmans pour aller combattre en Irak? C’est ce que s’emploient à définir les jurés de la 14ème chambre du tribunal correctionnel de Paris depuis mercredi dernier.
Sept accusés, dont trois comparaissent libres, sont jugés pour s’être rendu ou avoir eu l’intention de se rendre en Irak pour y participer à des activités terroristes. La plupart d’entre eux ont été arrêtés en 2005, en France ou en Syrie. Thamer Bouchnak, puis Chérif Bouachi, ont ainsi été interpellé à l’aéroport de Roissy alors qu’ils s’apprêtaient à rejoindre la Syrie, dernière étape avant l’Irak pour les apprentis djihadistes.

Des coïncidences
Ces islamistes autodidactes ont plusieurs point commun. Tout d'abord, ils fréquentaient tous la mosquée Addawa de Stalingrad, au nord est de Paris.
Par ailleurs, ils ont tous, à un moment ou à un autre de leur parcours initiatique, rencontré Farid Bennyetou, 27 ans, considéré comme le guide spirituel du groupe. Ses anciens élèves, aujourd’hui sur le banc des accusés, refusent toutefois de le considérer comme un meneur.
Certains de ces élèves (une cinquantaine environ) se contentent de devenir de “bons musulmans” en apprenant l’arabe et les pensées des "savants". D’autres sont soupçonnés d’avoir choisi la voie dure en rejoignant la “cause” et en passant illégalement en Irak.
Est-ce le cas des sept jeunes hommes jugés (dont la majorité a entre 25 et 30 ans) ? Avaient-ils l’intention de commettre des attentats suicides, comme un de leur camarade, mort sur place ?
Peu de combattants quittent la France pour se battre en Irak contre la coalition menée par les Américains sur place depuis 2003. Parmi la douzaine repérée par les services secrets français, cinq ont laissé leur vie dans les bombardements. Quatre seraient liés à la cellule dite « des Buttes-Chaumont ».

Tout le monde savait
Maître Dominique Many, l’avocat de Thamer Bouchnak, ne croit pas à l’hypothèse du réseau. Selon lui, il s’agit d’amateurs. L’affaire est d’autant plus étonnante que le nombre de sources disponibles s’est multiplié au cours de l'enquête. D’abord, la mère de Peter Cherif, jugé séparément, qui était venue s’inquiéter auprès des policiers de la disparition de son fils. Ensuite, le frère d’un des suspects, Mohamed Elayouni, qui avait préféré vendre le scoop de la disparition de son frère en Irak plutôt que de se voir jugé pour avoir frappé son père.
Dans le quartier, tout le monde semble au courant des intentions de départ de deux anciens élèves de Bennyetou. Les policiers remontent vite la « filière ».

"Inquiétant" selon un avocat
« On ne verrait jamais ça dans un vrai procès de terrorisme! », s’exclame Maître Many. Cependant, il reconnaît que l’entreprise ait pu alerter les services de renseignement. « Que ce soit une équipe de bras cassés, c’est encore plus inquiétant. On ne sait pas où ils vont... », ajoute-t-il.
Les perquisitions ont permis de montrer que ces apprentis soldats avaient tous bien l’intention de se rendre en Irak. Difficile cependant de prouver qu’ils ont effectivement été endoctrinés pour entrer dans l’armée de Abou Moussab al-Zarqaoui, qui régit le triangle sunnite, autour de Falloujah.
Les plaidoiries et le réquisitoire auront lieu à partir de mercredi.

1 commentaire:

Comenssacomprendre a dit…

C'est la deuxième fois que je tombe sur tes écrits et c'est la deuxième fois qu'il s'agit d'un compte-rendu d'audience.
Aurais-tu élu domicile au tribunal d'instance et de grande instance?
Sympa comme brève en tout cas. La suite et fin bientôt?