lundi 3 novembre 2008

La peur du Noir

Barack Obama peut-il vraiment devenir le premier président noir des Etats-Unis? Demain, les électeurs Américains diront s’ils sont prêts à faire évoluer de manière spectaculaire les relations entre les Noirs et les Blancs dans le pays.
L’élection de Barack Obama permettrait de tourner définitivement la page de deux siècles et demi d’esclavage et d’un siècle de ségrégation raciale.
Comme le note Nicole Bacharan, politologue spécialiste des Etats-Unis, Obama est un « candidat post-racial capable de parler aux deux camps ». Hormis le discours de Philadelphie en mars dernier, dit « discours sur la race », la question raciale a été très peu abordée lors de cette campagne.
Pourtant, Obama l’a dit lui-même lors de ce discours : « La question raciale est un sujet que cette nation ne peut pas se permettre d’ignorer. » Le candidat démocrate, qui a tout fait pendant la campagne pour ne pas être « le candidat des Noirs », s’est par la suite employé à délivrer un message d’unité : « Peut-être que nous ne nous ressemblons pas tous, et nous ne venons pas tous du même endroit, mais nous voulons tous aller dans la même direction : vers un meilleur avenir. »
Il s’est montré réaliste vis-à-vis de son parcours : « Mon histoire ne fait pas de moi le plus conventionnel des candidats. » Puis vis-à-vis des observateurs : « A plusieurs reprises durant cette campagne, des commentateurs m’ont trouvé soit trop Noir soit pas assez. »
Au début du mois d’octobre, certains sondages lui donnaient jusqu’à 11 points d’avance sur son rival républicain John McCain. Mais, à l’approche du scrutin, les observateurs ont commencé à prendre des pincettes concernant l’étendue de la possible victoire d’Obama. « On est dans une terra incognita. Les sondeurs ne savent pas bien évaluer le réflexe raciste », affirme Nicole Bacharan.
La semaine dernière, un complot déjoué de néo-nazis visant le candidat démocrate est venu rappeler que tout le monde n’était pas aussi enthousiaste quant à l’issue du scrutin.
Dans son dernier numéro, « spécial USA », Télérama s’est par exemple rendu en Pennsylvanie, au pays des « cols bleus », ces ouvriers indécis, qui pourraient faire basculer le scrutin. Là-bas, les membres du comité local du Ku Klux Klan font du porte-à-porte pour demander aux gens si ça ne les rend pas malades de voter pour un Noir...
Une enquête d’opinion publiée en septembre dernier et menée par des universitaires de Stanford fait elle aussi froid dans le dos. Près d’un tiers des personnes interrogées estimait ainsi que les Noirs sont « violents », « paresseux » et « responsables de leurs propres problèmes ».
Alors Barack Obama, né d’un père kényan et d’une mère américaine, seul Noir siégeant au Sénat, pourra-t-il enfin entrer dans la Maison qui a toujours été un peu trop blanche ? Réponse demain.

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