dimanche 11 mars 2007

Crunchés

Les rugbymen français ne remporteront pas leur 9ème Grand Chelem cette année dans le Tournoi des Six Nations. Dimanche, les « froggies » se sont fait croquer par de jeunes loups anglais trop contents de faire manger la pelouse de Twinckenham à leurs rivaux historiques. Je me suis rendue dans un pub du 14ème arrondissement de Paris, « The Financier », pour vivre d’un peu plus près la défaite des Bleus (26-18).

Il est 16h et l’ambiance est surchauffée. 150 à 200 personnes dans un pub, cela fait du bruit. Le public, à majorité masculin, s’est réuni pour assister à ce que les Anglais surnomment le « crunch », ou « moment critique ».
Déjà, les spectateurs, regroupés devant trois écrans, entonnent « La Marseillaise » à pleins poumons. Lorsque les joueurs du Quinze de la Rose entrent sur le terrain, quelques sifflets se font entendre dans l’enceinte du pub. Mais le rugby étant un sport fair-play par essence, ceux-ci sont vite camouflés par les applaudissements.
Les deux équipes se rencontrant pour la 87ème fois de leur histoire, on aurait pu penser que l’enthousiasme allait retomber, mais non. Dès l’entame du match, le coeur des partisans de chaque camp bat au rythme des offensives et des contre-offensives des joueurs.
Paradoxalement, les supporteurs bleus sont plus nombreux que les autres dans ce pub typiquement anglais, avec sa lumière basse et ses murs sombres. Les Français dominent largement leurs adversaires du jour dans ce secteur du jeu. Sur le terrain cependant, les Bleus souffrent et ont de plus en plus de mal à contenir les assauts des Anglais.
« Allez les Bleus ! » A grand renfort de cris, le public a beau pousser de toutes ses forces avec le pack tricolore, rien n’y fait. Le mur anglais semble infranchissable. Au contraire, la défense française se fait transpercer à deux reprises, par Flood (49e) et Tindall (73e). Dans la salle, il faut jouer des coudes pour réussir à apercevoir l’écran. Comme un clin d’oeil à leurs hôtes du jour –qui ne sont pas les derniers à lever le coude –, les spectateurs passent et repassent avec des verres de bière pleins à ras bord.
De l’autre côté de l’écran, les supporteurs britanniques ont compris que la victoire ne pouvait plus leur échapper. Comme une dernière provocation, un « swing low swing charriot » rappelant les plus grandes heures du rugby anglais monte des tribunes du stade. De ce côté-ci de la Manche, les spectateurs dépités se dispersent déjà.

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