mardi 6 mars 2007

Portrait d'Yves Calvi

La méthode Calvi

Yves Calvi, 47 ans, présente C dans l’Air, l’émission-phare de France 5, depuis 6 ans. Il anime également Mots Croisés et Le Grand Tournoi de l’Histoire sur le service public. Pour lui, une seule chose importe : la transmission de la culture, sous toutes ses formes.

« Je vis quelque chose que peu de gens vivent : je suis quotidiennement en direct depuis 20 ans et je n’ai jamais débandé de ce truc-là ! C’est un énorme stress, mais ça me fait beaucoup de bien. » Yves Calvi est un drogué du direct. Encore à la tête du journal de la mi-journée à Europe 1, il a un jour eu envie de relever un nouveau défi.
Jérôme Bellay, son ami et producteur depuis 20 ans, lui propose de se lancer dans l’aventure de C dans l’Air. Cette émission d’éclairage culturel aborde tous les jours un fait d’actualité majeur. Pour cela, trois ou quatre spécialistes viennent partager leurs connaissances sur le plateau.
Pendant un peu plus d’une heure, Yves Calvi s’applique inlassablement à faire préciser leurs réponses aux « experts » du jour. « Quand on aborde des sujets d’actualité qui ne sont pas forcément vendeurs, il n’y a qu’un seul moyen pour agréger tout le monde, c’est qu’ils vous comprennent. » Pas question pour autant de faire de l’émission un cours magistral. « Je ne me sens pas une âme de professeur. Je suis un intercesseur avant tout », affirme-t-il.
Lors de l’entretien, il se dit « fatigué », mais à le voir, personne ne pourrait s’en douter. Un simple coup d’oeil à son bureau permet de comprendre qu’il ne s’accorde pas beaucoup de repos. Canapé-lit défait et chemise froissée sur un fauteuil, portrait de sa fille sur le mur, le visiteur a le sentiment d’entrer dans l’intimité du journaliste.
Au début de sa carrière, Jérôme Bellay lui a transmis un principe qu’il applique toujours aujourd’hui : être soi-même. « Il m’a demandé : ‘Vous voulez avoir l’air intelligent ? Vous n’avez pas besoin d’avoir l’air intelligent. Vous l’êtes! Ce n’est pas la peine de compliquer les choses ou d’avoir l’air de comprendre ce que vous dit votre invité uniquement pour être sur la même ligne que lui. »
Né à Boulogne Billancourt, « comme 80% des journalistes un tant soit peu célèbres », Yves Calvi n’a pas le sentiment de faire un travail rare dans le paysage télévisuel français. « Je ne m’en rends pas compte. Je n’ai jamais considéré mon métier autrement que comme celui de quelqu’un qui transmet.»
Fils du compositeur Gérard Calvi, le journaliste est conscient d’être un privilégié : « J’ai eu beaucoup de chance d’être dans un univers où il n’était interdit à personne d’aller vers ce qu’on appelle la Culture. » Après des études de Lettres et de journalisme à Sciences-Po – dont il a raté le diplôme -, il a travaillé, dans l’ordre, à RFI, France Info, TLM (Télé Lyon Métropole), RMC, LCI, Europe 1, France 5 (depuis 2001), France 2, France 3. « J’aime les rédactions », précise-t-il.
Malgré son besoin permanent d’activité intellectuelle, il ne se considère pas comme un hyperactif. « Je ne fais que mon métier! J’ai beaucoup de confrères qui écrivent des éditoriaux, qui publient des livres, qui sont directeurs de collection. Je suis très occupé mais c’est le fruit d’un choix. En même temps, dans ce métier-là, si vous ne prenez pas le boulot quand il vient à vous ...»
Naturellement à l’aise sur un plateau, il peut compter sur la préparation méthodique de son équipe. « C’est un chirurgien. Quand il arrive, il n’a plus qu’à enfiler les gants... » Ses connaissances facilitent d’autant le travail de ses collaboratrices. « Il a une super culture générale, remarque Sophie, qui participe à la préparation de C dans l’Air depuis 5 ans. Il se tient au courant et découvre rarement les sujets. Seule une émission sur les poisons ou sur les produits du terroir risque de lui poser un peu plus de problèmes... »
Parmi ses projets, Yves Calvi envisage de retourner à la radio, qu’il a quittée il y a à peine deux ans. « En ce moment, je vis une période de stabilité absolument anormale », conclut-il dans un sourire, en plantant ses pupilles noires droit dans les vôtres.

1 commentaire:

Sens (Romaric Briand) a dit…

Super portrait ! merci beaucoup !
Je m'interroge énormément sur Yves Calvi. C'est une sorte de modèle de journalisme, je trouve.

J'ai adoré ce passage sur "le naturel du journaliste". Yves Calvi me frappe par cette qualité effectivement.

Qualité que je lui envie dans mon modeste domaine ! Je trouve que c'est difficile, stress aidant, de ne pas penser à autre chose qu'à être là où l'on est, le plus naturellement du monde, lorsque l'on fait un travail de journaliste (interview, podcast, etc.).

Merci en tous cas pour ces pistes de réflexions d'attitude journalistique, de comportements journalistique ? Comment appeler cela ?

A bientôt.