mercredi 14 mars 2007

Le défi australien de Léonie

Léonie Lasserre, tout juste diplômée des Beaux Arts de Nancy, s’apprête à partir seule en Australie pendant six mois pour réaliser sa première grande production artistique.

Le projet de Léonie Lasserre commence par une anecdote : un soir, son père regarde un reportage à la télévision sur le Prince du micro-état du Hutt River, en Australie, et lance à sa fille : « Si tu vas là-bas, j’aimerais que tu ailles le voir pour moi».
Ça tombe bien, après cinq années passés à l’Ecole des Beaux Arts de Nancy, la jeune femme de presque 26 ans vient d’obtenir son Diplôme national supérieur d’études plastiques (DNSEP). « En sortant des Beaux Arts, on est un peu livrés à nous-mêmes », remarque Léonie. C’est alors qu’elle se lance dans un défi, personnel avant tout : traverser l’Australie d’est en ouest, de Sydney à Perth, en 183 jours exactement. « Six mois, c’est long mais c’est court. Je sais que ça va passer vite. »
Lauréate du Défi Jeunes en octobre 2006, ce petit bout de femme est attirée par d’autres mondes. Dans son enfance, elle a vécu à Montréal et depuis, sac au dos, elle a visité les Etats-Unis, le Maroc, l’Italie, l’Allemagne, la Croatie, le Chili et la Bolivie, entre autres. « Je n’étais jamais seule », précise Léonie, petite brune aux yeux marrons.
Rencontrée quelques jours avant le grand départ sur la terrasse d’un café parisien, elle l’avoue franchement : elle est un peu inquiète. Elle tire régulièrement sur sa cigarette. « Je ne vais pas rentrer avec quelque chose dont je ne suis pas satisfaite. Je vais me donner les moyens de repartir avec quelque chose de bien. »
Comme support de son art, Léonie Lasserre a choisi la « vidéo-écriture ». Pour cela, elle emmène dans ses bagages une caméra numérique et un ordinateur portable. « Je ne sais pas ce qui m’attend. Tout ce que je sais, c’est que je ne me filmerai pas moi. Ma production dépendra beaucoup de ce que je vivrai.» Pour tenter de conserver une certaine distance, elle adopte un ton ironique, qu’elle qualifie de « pathétique-drôle », en voix-off de ses courts-métrages. Elle avait déjà expérimenté cette manière de travailler pour "Mes sales petits secrets", en 2006.
Pourquoi l’Australie ? « Un peu par hasard ! », avoue-t-elle. A la veille de son diplôme, un ami lui parle de son projet d’aller vers d’autres horizons. L’idée fait son chemin dans la tête de la jeune femme : « Deux semaines après, il fallait que je parte ! J’avais juste besoin de quelqu’un pour me donner des coups de pied aux fesses. » C’est à cette période qu’elle prend contact avec des organismes susceptibles de l’aider. « Elle est arrivée avec ses rêves et son désir d’Australie. C’était encore un peu naïf, mais c’est normal à 20 ans... », analyse Alain Krepper, responsable du Défi Jeunes en Meurthe-et-Moselle. En tout, 7000€ lui sont attribués pour mener à bien son projet.
Léonie considère cette expérience comme un voyage initiatique, « au sens d’épreuve », précise-t-elle. « L’art m’aidera. Quelqu’un a dit : ‘la névrose c'est l'artiste, et l'art guérit la névrose’. Il faut qu’il y ait quelque chose qui coince pour que ça sorte. »
A son retour, une exposition est prévue, « mais cela dépendra de ma production sur place », tempère-t-elle. Cependant, elle ne craint pas de revenir avec une trop grande profusion d’images ou de textes dans ses valises. « Je suis très minimaliste, affirme-t-elle. Je ne vais pas écrire juste parce qu’il faut que j’écrive. » Pour l’heure, ses préoccupations sont plus matérielles qu’artistiques : elle doit encore préparer son sac.

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